jeudi 3 mars 2011

Varanasi, ville où la vie et la mort se côtoient quotidiennement



C'est bien fatigués que nous arrivons dans cette ville après un trajet de 20 heures de train. Nous avons une réservation, mais sur une liste d'attente de places assises. Finalement, nous n'avons pas de siège et grâce à la générosité de quelques indiens, nous trouvons à nous asseoir sur un bout de banquette et pour la nuit, Joël dort à même le sol dans l'allée. 



Varanasi, l'une des plus anciennes cités constamment habitées au monde et l'une des grandes villes saintes du pays, où chaque hindou doit venir au moins une fois dans sa vie. Pour nous occidentaux, cette ville provoque plusieurs réflexions, en particulier face aux lieux de crémations.



Les pèlerins hindous viennent sur les ghats pour se laver de leurs péchés dans le Gange. On compte environ 80 ghats et ceux-ci sont le centre de la vie spirituelle à Varanasi. On y voit plusieurs activités, bains rituels, 



bûchers de crémation



enseignement de rituels brahmaniques, pratique de meditation



vente de fleurs, lessive, lavage des buffles, fabriques de combustible à base de bouses de vache, etc..





Des excursions en bateau sont proposées et privilégiées surtout à l'aube ou au coucher du soleil, où  nous y croisons différents types d'embarcations.



Du Gange, on peut alors observer les pèlerins pratiquer leur bain rituel, d'autres déposer dans l'eau une bougie dans un petit récipient contenant aussi des fleurs



passer devant les deux ghats de crémation


au crépuscule, regarder du bateau la ganga aarti, spectacle de feu en l'honneur du fleuve.





Les indiens viennent aussi ici pour la crémation de leurs proches. Environ 200 corps sont brûlés chaque jour tout au long de l'année. Deux ghats sont réservés à la crémation. On croise souvent des processions funéraires dans les ruelles avoisinantes. Nous avons résidé 10 jours dans une de ces  ruelles, près du plus petit des deux ghats.

Le corps est amené sur un brancard fait de bambous et transporté à l'épaule par des hommes. On ne voit que des hommes participer à ce rituel. On nous explique qu'il ne faut pas de tristesse autour du défunt, de telle sorte que son âme puisse se libérer du corps plus facilement et comme les femmes sont généralement plus sensibles, on les tient à l'écart de la cérémonie.

Le corps est immergé dans le Gange, on introduit de l'eau dans sa bouche et ensuite, on le dépose sur le bûcher. Un membre désigné par la famille dirige la cérémonie. Premièrement, il se fait raser la tête, revêt un vêtement blanc, après s'être baigné dans le Gange. Il procède à l'achat du feu, braises déposées sur un fagot de paille, et fait 5 tours autour du bûcher avant de l'allumer.



On nous explique qu'il faut plus ou moins 350 kilos de bois pour la crémation et celle-ci prends 3 heures. Une fois le corps brûlé, le représentant de la famille puise de l'eau du Gange dans un petit bol en terre cuite et le balance sur les braises par dessus sa tête le dos au bûcher. Tous les proches partent alors, sans se retourner, prendre un thé et des sucreries.

Ce rituel de crémation ne s'applique pas aux enfants en bas de 10 ans, aux femmes enceintes, aux lépreux sans mains et pieds, aux saddous, aux personnes décédées par morsure de cobra, animal sacré chez les hindous. Les corps de ceux-ci sont ficelés à une grosse pierre et transportés sur une barque  pour être jetés au milieu du Gange.

Assister à ces rituels est pour nous occidentaux une expérience très impressionnante. Chez-nous, la culture funéraire tente de plus en plus de cacher la mort. En Inde, ce rituel est public. Toutefois, il faut remarquer que la mort côtoie la vie, dans la même ruelle où on transporte les corps, (comme ici sur la photo sur le toit d`un auto-rickshaw), on y célèbre des mariages. On voit également des enfants jouer et se baigner autour des ghats de crémation et ensuite se sécher près du bûcher.


La ville de Varanasi est un véritable chaos, ses ruelles étroites sont utilisées par les motos, les vélos, les piétons, les vaches, on doit constamment regarder où on met les pieds... Pourtant, on peut également y cuisiner, trouver des gens siroter un thé paisiblement à un coin de ruelle. En Inde, les extrêmes se côtoient quotidiennement.








Nous profitons de notre séjour à Varanasi pour visiter Sarnath, où Bouddha vint pour prêcher son premier sermon à 5 disciples. Aujourd'hui, ce site est l'un des quatre lieux importants du bouddhisme, il attire des adeptes du monde entier.



On y visite également des temples bouddhistes de différents pays, comme par exemple celui du Japon.



En quittant Varanasi, nous décidons d'en savoir un peu plus sur le bouddhisme et d'aller rejoindre Bodhgaya où Bouddha atteignit l'éveil, ce qui sera le sujet de notre prochaine publication.